Retour sur la genèse du projet Saint-Julien
A l’origine du projet Saint-Julien, il y a quatre amis. Quatre amis engagés dans différentes associations lavalloises et ayant pour point commun d’être motivés, dans leurs engagements divers, par le service du bien commun. L'un d'entre eux, qui a la particularité d’être curé de paroisse et aumônier de jeunes à Laval, revient sur la genèse de ce projet.
Don Pierre-Antoine, vous êtes engagé depuis les débuts du projet Saint-Julien, enchaînant depuis 5 ans les réunions et les rendez-vous, en plus de votre mission de curé. Imaginiez-vous arriver au point où vous en êtes aujourd’hui ?
Comme toute aventure, il y a un temps pour rêver et un temps, tout en continuant à rêver, pour comprendre vers quelle réalité nous pourrions aller. Nous avons toujours été portés par le désir de répondre avec audace aux urgences du moment, aux besoins et aux espérances des personnes que nous voulons servir. À tout moment, nous avons gardé à l'esprit que la Providence devait nous conduire, comme si elle devait confirmer par le déroulement des projets qu'elle donnait son appui ou non, ce qu'elle a fait à de multiples reprises par des rencontres, des soutiens et des opportunités inattendues.
Comment regardez-vous aujourd’hui ces 5 années de préparation, de réflexion, de doutes, mais aussi de joies, à quelques mois de l’ouverture du premier pôle ?
Nous avons en effet vécu différentes étapes. Il y a eu d’abord l'enthousiasme du départ où tout était permis sans que rien ne puisse encore aboutir. Il s'agissait de réfléchir à quoi nous appelait l'opportunité du moment, sans se prendre au sérieux mais en se disant que s'il nous était possible de faire du bien autour de nous, nous ne devions pas ménager notre inventivité ni retenir notre audace. Une fois que le projet est passé du rêve au possible, il a ensuite fallu ensuite vérifier la cohérence du projet, sa faisabilité et son intérêt réels pour notre temps. Nous avons beaucoup consulté, comparé, débattu, reçu avec bienveillance et profit les regards extérieurs portés sur notre projet. Enfin, et nous y sommes encore, il s'est agi sans rien perdre de notre but final et de l'esprit fraternel et généreux avec lequel le projet est porté, de professionnaliser les processus, de s'entourer des métiers et compétences adéquates pour ne rien laisser à l'approximatif. Manière aussi d'honorer la confiance donnée au projet par nos donateurs.
Quels sont vos souhaits pour le futur Espace Saint-Julien et pour ceux qui l’habiteront, à terme ?
Que Saint-Julien naisse et croisse dans l'esprit dans lequel ce projet a été conçu : un esprit désintéressé de service de la personne ; que personne ne s'en empare pour une autre réussite que le bien de ces personnes ; que le projet puisse apporter, au milieu d'autres initiatives, de l'espérance dans un monde et une actualité parfois bien ternes et démobilisants. En résumé, le projet doit garder la liberté d'inspiration qui l'a fait naitre et y être fidèle !
Quant à mes souhaits pour les futurs habitants de Saint-Julien, je crois que les choses les plus belles sont parfois les plus simples ! Nous pensons souvent à la joie qu’une personne âgée du Logis éprouvera à recevoir la visite d'un adolescent de l'Internat ou d’une étudiante de la Coloc pour se familiariser à l'usage de l'ordinateur ou échanger sur l’actualité ; que cette même personne âgée pourra partager sur ses expériences passées, ou conseiller le jeune dans ses projets d’avenir ; qu’en se promenant dans le jardin, elle pourra aller à la rencontre des enfants de la Cabane ou des bébés du Nid, ou encore de ce serveur de la Cale, en situation de handicap, qui pourra lui servir un café pendant qu’elle animera un atelier d’aide à la recherche d'emploi au café solidaire pour des personnes en détresse qui auront également pu trouver un soutien auprès d'un médecin de la Maison de santé... Cela nous suffira. Nous n'avons pas d'autre objectif que de créer des relations heureuses, humanisantes et sources d'espérance. Les rêves les plus simples sont parfois vus comme des utopies. C'est peut-être parce qu’on les voit ainsi, parfois avec cynisme, que notre société se délite. Saint-Julien est fait pour ceux qui veulent grandir dans cette espérance.