INTERVIEW DE ODILE ET MICHEL, COUPLE RÉSIDENT DU LOGIS
Une interview peu commune d'un couple qui a décidé de s'installer au sein de la résidence senior. Ils nous livrent tous les bénéfices de l'intergénérationnel, et les avantages de cette nouvelle installation, pleine de vie et d'échanges : "Ici nous avons pu renouer du lien", "Les enfants appellent : "Michel!", et je vais à la fenêtre".
Pourriez-vous nous partager ce qui vous a amené à choisir le Logis pour vous installer ?
Nous avons 86 et 87 ans, et nous sommes résidents du Logis depuis janvier 2024. Nous habitions à Cholet et à la suite de soucis de santé de Michel en 2023, nos deux filles, qui habitent à Laval, nous ont suggéré de nous rapprocher d'elles. Nous n'avions plus de médecin à Cholet. Notre fille aînée Isabelle nous a parlé d'une maison intergénérationnelle et nous a proposé de la visiter pour nous. Son retour a été très positif : à la différence d’un EHPAD, elle y a vu plusieurs générations, dont des enfants. et nous avons été très bien accueillis lors de notre premier entretien.
Odile : J'ai été prête à venir tout de suite !
Michel : Il m'a fallu un peu plus de temps pour quitter ma maison, l'idée de passer à un appartement était pour moi difficile. Mais je me suis raisonné au bout de 15 jours. Je me suis dit "Autant passer ensemble ce qu'il nous reste à vivre ! Nous sommes en couple depuis 65 ans !". Et voilà, notre maison est en vente.
Odile : J'ai eu une grosse opération en arrivant, mais nous avons retrouvé des services de proximité dans le domaine médical, grâce au déménagement. Et nos filles débarquent facilement pour le goûter le weekend, ou après leur journée de travail.
Qu'est-ce qui vous plaît dans les ateliers que vous partagez avec les enfants du Nid ?
Odile : Je participe à tous les ateliers intergénérationnels avec les enfants du Nid, et ceux que je préfère ce sont les activités de musicothérapie avec Carole, de danse, ou les contes d'Anita qui a un très bon matériel. Parfois, il y a plus de seniors que d'enfants, alors il faut partager.
Michel : Le petit Gaspard vient sur mes genoux, et il n'en bouge plus. Léonard aussi, il ne nous lâche pas. Nous partageons une grande proximité avec les enfants, le temps de ces ateliers.
Partagez-vous des moments avec d'autres générations que le Nid ?
Odile : Il est certain que le mélange de générations apporte un vrai plus. Les enfants du patronage font un peu de raffût aussi, cela met de la vie. Nous entendons des voix jeunes, et l'on voit Don Augustin courir !
Michel : Oui, on ne voit pas que des personnes âgées ! Moi, je ne participe pas aux ateliers intergénérationnels avec les enfants du Nid, car je fais beaucoup de généalogie, cela me passionne depuis des années. Mais j'ai animé un atelier avec des jeunes quand même : j'ai apporté de Cholet un nichoir, et Maëva m'a proposé d'animer un atelier pour en construire un. Cédric (qui s'occupe de la maintenance de l’Espace Saint-Julien) a tout préparé. Comme bricoleurs nous nous entendons bien. Il m'a aussi demandé mon aide pour le projet de poulailler. La clôture sera faite également par des jeunes, probablement de l'Internat.
Auriez-vous une anecdote sur votre quotidien à Saint-Julien à nous relater ?
Odile : Le petit Hubert se promenait dans la rue avec ses parents et m'a reconnue. Il a tenu à venir me saluer.
Michel : Notre appartement est au premier étage juste au-dessus de la crèche. J'entends les enfants qui jouent dehors : "Tiens, ils sont sortis ! " Cela met un peu de vie. J'entends mon prénom parfois, avec une petite voix. Les enfants appellent "Michel", et je vais à la fenêtre. Je les photographie parfois. Ils nous connaissent bien.
Avez-vous pu également créer du lien avec les résidents, bénévoles et salariés de l'Espace Saint-Julien ?
Il y a eu un peu de changement de personnel, mais actuellement, c'est stable : Maëva, Cédric, Camille, Thérèse... on s'attache. Renaud, un autre résident familier du Nid, a été très ému pour le départ de Morgane, qui était la directrice du Nid.
Odile : Nous nous entendons très bien avec notre voisine de la résidence, Marie-Christine. Nicole, une autre résidente, a partagé notre table à Noël et certains se sont mis à chanter. Alors, Nicole a organisé un atelier de chants tous les 15 jours. J'ai ressorti mon carnet de chansons de mon ancien groupe de randonnées, avec Jean Ferrat, Goldman, etc. D’ailleurs, nous sommes d'anciens randonneurs et ici nous sommes idéalement situés pour les balades.
Michel : Nous sommes entourés de beaucoup de personnes âgées, alors je sors le plus possible. Je trouve les rues étroites à Laval, je n'ai pas l'habitude, mais il faut reconnaître les avantages du centre-ville avec ses services de proximité : pharmacie, mairie, banque ...
Comment pourriez-vous résumer ce changement de vie ?
Odile : Le Covid avait interrompu nos activités, je ne voyais plus personne. Ici je croise à nouveau du monde.
Michel : Oui, et les gens autour de nous disparaissaient, petit à petit. Nous étions les derniers dans notre rue. Nous avions perdu le lien avec les voisins plus jeunes qui les ont remplacés. Ici, nous avons pu renouer des liens avec de nouveaux voisins, des personnes croisées au quotidien, des plus jeunes, c'est très précieux.